Devant un jury composé de Me Joseph Descharles, Me Bergemane Sylvain et Me Fito Léandre, respectivement président et suffragants, l’étudiant Flavien Janvier à soutenu, le samedi 9 juillet 2022, à l’Ecole supérieure catholique de droit de Jérémie (ESCDROJ), son mémoire de sortie intitulé « La liberté d’expression en Haïti, ces trois dernières décennies, à la lumière de l’article 28 de la Constitution de 1987 amendée ». Il s’agit d’un travail de recherche réalisé sous la direction de Me Yvon Janvier, qui est aussi le père de l’impétrant et professeur à l’ESCDROJ.
Dans le cadre de ses recherches, Flavien Janvier a mis l’accent sur l’exercice, la promotion et la protection de ce droit fondamental qu’est la liberté d’expression, de 1991 à 2021 en Haïti. Le chercheur a attiré l’attention des lecteurs sur une pratique courante d’abus de ce droit, observée dans la société haïtienne. Selon lui, cette situation est due à un manque de compréhension de cette liberté et de la non-régulation des nouvelles technologies de l’information et de la communication par la législation haïtienne.
Ainsi le jeune chercheur, pour centrer son analyse, a été amené à se demander comment le peuple haïtien exerce cette liberté fondamentale qu’est la liberté d’expression depuis la chute de la dictature des Duvalier, ou mieux depuis les premières élections libres en Haïti, soit en 90-91. Outre cette question principale, cette thèse a aussi questionné les gouvernants haïtiens sur la garantie offerte pour la jouissance de ce droit inaliénable en vue de l’établissement d’un véritable État de droit. Par ailleurs, le nouveau licencié a questionné le phénomène du côté des gouvernants et gouvernés, surtout avec l’usage des nouvelles technologies de la communication, à savoir, s’ils n’outrepassent pas ce droit. Faisant ainsi ombrage à la démocratie et au développement du pays.
Ces réflexions ont permis à Flavien Janvier de construire les hypothèses suivantes : la population haïtienne ne jouit pas pleinement du droit à la liberté d’expression et l’exerce mal à propos, ce qui porte préjudice à la démocratie et à l’État de droit, avance le chercheur dans sa présentation du sujet. Les lois qui doivent limiter la liberté d’expression doivent refléter la réalité sociopolitique du pays, c’est sa deuxième hypothèse. L’Etat ne régule pas les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour les utiliser en outils de développement.
Certes, ce travail a voulu démontrer qu’en Haïti il y a un usage abusif et erroné du droit à la liberté d’expression. Comme cette liberté est un facteur clé de la démocratie et de l’établissement d’un État de droit, malgré quelques progrès, Haïti est encore loin de l’idéal prôné par la Constitution de 1987 amendée.
Cette recherche a fait ressortir une analyse comparative entre la Norvège, le Costa Rica, la Namibie et Haïti, respectivement première, huitième, dix-huitième et soixante-dixième dans le classement 2022 de Reporters sans frontières. Le chercheur a démontré comment Haïti pourrait s’inspirer de ces pays, pour ensuite faire des propositions aux gouvernants, gouvernés et travailleurs de presse haïtiens en vue de la promotion, la protection et l’exercice conforme de ce droit dans le pays.
Toutefois, le jeune chercheur a admis quelques limites de son travail. Par exemple, il n’a pas su prendre en compte toutes les dimensions de la liberté d’expression. Le chercheur a plutôt mis l’accent sur les médias traditionnels et les réseaux sociaux, à l’exclusion des expressions artistiques, comme la musique, la peinture, la sculpture, la caricature, etc.
Au terme d’une analyse critique du jury et d’une soutenance ardue, qui a duré environ deux heures, Flavien Janvier a obtenu une note de 75 sur 100 avec la mention « Bien ». Il rejoint ainsi la longue liste des licenciés en droit de l’ESCDROJ et engage sa jeune carrière professionnelle vers de nouveaux horizons.